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    Guide de survie pour un road trip à moto au Vietnam


    Acheter ou louer?

    Il est certain qu’acheter une moto est en théorie la stratégie la plus économique, mais ça demande tout de même un bon niveau de tolérance au risque. Il faut premièrement savoir que puisqu’on parle ici de vieilles bécanes qui ont déjà plusieurs milliers de kilomètres au compteur, tu devras certainement avoir à gérer quelques (si non pas de multiples) problèmes mécaniques en cours de route. Même si les réparations ne coûtent généralement pas grand chose (de l’ordre de quelques dollars pour les réparations mineures à quelques dizaines de dollars pour les problème plus importants), c’est surtout le trouble de devoir trouver un mécano qui saura régler ton problème, ce qui peut s’avérer assez ardu au beau milieu de nulle part. Il faut aussi être conscient que dans l’éventualité d’un accident (ce qui arrive plus souvent qu’on n’aimerait le croire), il y a de chances que ta moto soit bonne à jeter et dans ce cas tu peux dire adieu à ton argent.

    Si tu préfères avoir l’esprit tranquille, la location est peut-être une meilleure option, puisque tu est certain (du moins autant que tu peux l’être au Vietnam) que ta moto a été bien entretenue. La plupart des compagnies offrent aussi une assurance qui couvrira les frais en cas de bris, et même souvent une assistance 24h en cas de problème majeur.

    Automatique, semi-automatique ou manuelle?

    Je dirais que ça dépend de ton aisance à moto et de ce que tu prévois faire. Pour le plaisir de la chose, je trouve personnellement beaucoup plus trippant d’avoir le contrôle des vitesses que de simplement tourner une poignée de gaz. Par ailleurs, si tu comptes faire beaucoup de route dans les montagnes, les freins moteurs te seront utiles pour gérer ta vitesse dans les descentes sans devoir avoir recours à tes freins standards (qui risquent autrement de s’user assez rapidement).

    Par contre, si tu es plus ou moins confiant quant à tes aptitudes de conduite, un modèle automatique est probablement une meilleure option. Gérer une transmission manuelle en plein centre-ville peut être un véritable cauchemar si tu n’est pas habitué, et étouffer au beau milieu d’un rond point est une expérience des plus angoissantes dont tu peux facilement te passer (true story). D’ailleurs, si tu n’envisages pas de te rendre dans le grand nord du pays et de simplement suivre le parcours classique qui relie Hanoi à Ho Chi Minh, tu peux facilement te passer des freins moteurs pour les quelques kilomètres en montagne que tu devras parcourir.

    Un bon compromis peut être une moto semi-automatique, qui te permet de contrôler tes vitesses, mais sans devoir utiliser la clutch. Tu as donc tout de même des freins moteurs pour ralentir ta descente en montagne, mais pas besoin de te casser la tête avec le point de friction pour embrayer en première vitesse, et surtout pas de risque d’étouffer en oubliant d’enfoncer la clutch lorsque tu dois ralentir brusquement. La conduite n’est certes pas aussi plaisante qu’en mode pleinement manuel, mais ça reste tout de même un très bon entre-deux.

    Comment te procurer une moto?

    Le moyen le plus simple, rapide et abordable de te procurer une moto est certainement d’aller jeter un coup d’oeil sur le groupe Facebook Vietnam Backpacker Motorbike Market, qui comme son nom l’indique, est spécialement dédié à la revente de motos entre voyageurs au Vietnam. Ce groupe est ouvert à tous, donc tu peux t’y joindre sans problème et ainsi accéder aux dizaines d’annonces de backpackers qui terminent leur périple à moto et cherchent maintenant à s’en départir. Les deux modèles sont plus courus sont sans aucun doute l’incontournable mobylette Honda Win 110cc à transmission manuelle, pour laquelle tu peux t’attendre à payer environ 250 USD, ainsi que le fameux scooter Yamaha Nouvo 125cc à transmission automatique, pour lequel tu devras plutôt payer environ 300 USD.

    Une autre option possible si tu préfères avoir un plus grand éventail de choix est de parcourir les annonces classées via le site web Craigslist Vietnam. Ça te donnera accès autant à des annonces de particuliers qu’à des annonces de petits garagistes ou encore de plus gros concessionnaires. Tu peux aussi te renseigner auprès de ton hostel, puisque certains ont pu recueillir de bonnes adresses au fil du temps étant donné la forte demande des voyageurs à cet effet. L’avantage de faire affaire avec un garagiste ou un concessionnaire est généralement d’avoir une meilleure certitude quant à l’état dans lequel tu achètes ta moto. Un vendeur qui veut continuer à vivre de son commerce n’a pas intérêt à entacher son nom en offrant des produits peu fiables, tandis qu’un backpacker peut être plus enclin à vouloir dissimuler les failles de son bolide s’il veut récupérer le plus d’argent possible. Tu risques toutefois de devoir payer un peu plus cher, mais l’écart de prix n’est généralement pas très grand (et sache que tout est négociable au Vietnam).

    La dernière option est la location longue durée à laquelle j’ai fait référence un peu plus tôt. Certaines entreprises ont effectivement flairé l’affaire et offrent maintenant des locations allant jusqu’à plusieurs semaines et te permettant de louer ta moto dans l’une des deux grandes métropoles (soit Hanoi et Ho Chi Minh) et de la retourner dans l’autre à la fin de ton périple. Tel que je le mentionnais tout à l’heure, c’est probablement l’option la plus sûre (à condition évidemment de bien magasiner la compagnie avec laquelle tu fais affaire), mais aussi la plus dispendieuse. Attends-toi à payer environ 200 USD/mois pour un modèle de puissance 110cc.

    Personnellement, mon copain et moi avons choisi d’acheter notre moto auprès d’un vendeur local faisant affaire avec un garagiste, et nous n’avons pas regretté notre décision. Nous n’avons eu que quelques problèmes mineurs issus de l’engin en lui-même, ce qui est tout de même compréhensible avec d’aussi vieux bolides. Le vendeur en question nous a même offert les réparations gratuites en cas de bris ne résultant pas de l’usure normale (à condition bien sûr de retourner le voir à son garage), en plus d’une assistance à distance advenant que l’on doive faire réparer nos motos en cours de route (pour faire office de traducteur avec le mécano et négocier le prix pour nous). Si jamais tu es intéressé à le contacter, tu peux le joindre directement via Facebook sous le nom de Phu Hung Pham.

    Quoi prévoir avant de partir?

    Au moment de l’achat, la moto vient habituellement avec un support à bagages (tu peux même négocier l’installation d’un plus gros support si tu fais affaire avec un garagiste), des sangles élastiques pour fixer tes bagages, un poncho dans lequel tu peux les emballer pour les protéger de la pluie et de la saleté, et finalement un casque de protection. Certaines motos peuvent aussi venir avec un support à téléphone (qui te sera d’une grande utilité pour suivre ton GPS) ainsi qu’un cadenas (loin d’être indispensable étant donné les très rares cas de vols, mais toujours plus prudent). Vérifie également que le vendeur te remette la blue registration card en prenant possession de ta moto. C’est en quelque sorte l’équivalent vietnamien de nos papiers d’immatriculation, et ça constitue donc la preuve légale que la moto t’appartient bel et bien (assure-toi d’ailleurs que le numéro de plaque qui y figure soit bien celui que l’on retrouve à l’arrière de ta moto).

    En dehors de ces items de base, tu dois aussi penser à te doter d’un permis de conduire international avant d’arriver au Vietnam si tu veux pouvoir conduire en toute légalité au pays. Je te suggère aussi fortement de t’assurer que ton assurance voyage couvrent les frais médicaux en cas de blessures résultant de la conduite motorisée à l’étranger, car cette activité fait partie des clauses d’exclusion de plusieurs compagnies d’assurance étant donné le haut niveau de risque qui y est associé.

    Je te recommande aussi de t’acheter une carte sim locale avec appels et données. Tu peux aisément t’en procurer une à ton arrivée à l’aéroport ou dans n’importe quelle grande ville. Il t’en coûtera la ridicule somme de 10 USD pour avoir appels et données illimitées pendant un mois (vivement que les compagnies de cellulaire vietnamiennes s’installent chez nous). Ça te facilitera la vie pour obtenir des directions sur ton application de navigation en tout temps, pour faire des recherches sur Internet sans avoir à courir de wifi, et surtout pour contacter les secours du bout des doigts en cas d’accident! Dans la même veine, pense à avoir à porter de main un chargeur portatif, car l’utilisation des applications de navigation gruge énormément d’énergie et ton cellulaire risque autrement de manquer de batterie sur les trajets longue distance.

    Côté vestimentaire, un bon coupe-vent imperméable te sera utile si tu visites le pays entre novembre et mars (voire un foulard chaud si tu es aussi frileuse que moi), car il peut faire assez frais dans les hauts plateaux du centre du pays ainsi que dans les provinces du nord. Je te suggère aussi de t’équiper d’un bandana, ou carrément d’un masque anti-poussière comme la plupart des vietnamiens portent au visage, parce les casques au Vietnam sont rarement munis d’une visière et les routes sont plus poussiéreuses qu’on ne le croit. Ça va t’éviter de finir la journée avec le visage noir de saleté, et ça va surtout t’épargner de bonnes quintes de toux lorsque tu fais beaucoup de route (surtout dans les régions du nord).

    Comment te construire un bon itinéraire?

    vietnamcoracle.comLa première chose que je te conseille de faire est de visiter le site web . J’ai découvert ce petit bijou après ma première semaine de road trip et crois-moi, ça a changé ma vie. Ce site est né de l’initiative d’un dénommé Tom, qui a eu envie de partager son amour pour le Vietnam et l’expertise qu’il a cumulée au fil du temps après y avoir vécu de nombreuses années. Ce qui est absolument génial est que notre ami Tom a parcouru le pays de fond en comble en moto et te propose donc de nombreux itinéraires à suivre selon les régions que tu comptes visiter et le style de road trip que tu recherches, itinéraires qu’il a en plus préprogrammés pour que tu puisses les afficher directement sur Google Maps (bless you Tom). Les routes qu’ils proposent ne sont pas les plus rapides, mais elles sont certainement les plus plaisantes en terme de paysages et de circulation routière. À partir du moment où j’ai commencé à m’inspirer de ses recommandations pour planifier mes déplacements, mon niveau de plaisir à moto a augmenté de façon exponentielle. C’est définitivement un outil à ne pas rater!

    Concernant maintenant les meilleures applications de navigation au Vietnam, je te recommande de loin Google Maps ou MAPS.ME (oublie tout de suite l’application Plan de ton iPhone, la moitié des routes au Vietnam n’y sont pas répertoriées). Les deux applications sont vraiment efficaces pour te mener à bon port grâce à leurs cartes routières surprenamment complètes, incluant même les ruelles les plus sketchy que tu n’aurais jamais soupçonné être de véritables routes. J’ai pour ma part utilisé Google Maps pendant toute la durée du voyage, essentiellement parce que j’étais déjà familière avec l’application et que je pouvais y télécharger directement les itinéraires suggérés par Tom, mais j’ai croisé plusieurs backpackers qui avaient une préférence pour MAPS.ME. Il faut dire que MAPS.Me comporte le gros avantage de te permettre d’utiliser les fonctions de navigation et de recherche hors ligne (à condition d’avoir préalablement télécharger la carte de la zone désirée bien sûr), ce qui peut s’avérer très pratique si tu comptes voyager sans te procurer de carte sim locale ou simplement pour dépanner si tu te retrouves mal pris dans une zone sans couverture réseau. De manière générale, il semblerait aussi que MAPS.Me ait un éventail un peu plus large de lieux répertoriés (hôtels, restaurants, stations d’essence, ATM, attraits touristiques, etc), ce qui rend l’application d’autant plus intéressante en voyage.

    Une autre information utile à connaitre avant de partir concerne les différentes catégories de routes au Vietnam. Premier détail important, les routes portant le sigle CT, soit les super highways, sont interdites d’accès aux motocyclistes (à l’exception de la CT08 à Hanoi). Je te recommande donc d’activer la fonction « éviter les autoroutes » sur ton application de navigation pour être certain de ne pas te faire avoir. Deuxième chose, l’autoroute principale AH1 qui relie le pays du nord au sud est à éviter autant de possible en raison de la forte circulation qu’on y trouve, ce qui rend la route assez dangereuse et désagréable. Je te suggère aussi de te tenir à l’écart des routes portant le sigle DT, ou du moins de prendre la peine de te renseigner sur leur état avant de les emprunter. Ce sont généralement des routes de campagne peu entretenues, et bien qu’elles soient pour la plupart en condition respectable, certaines peuvent s’avérer presque impraticables. L’idéal est donc de t’en tenir aux routes nationales portant le sigle QL, qui sont habituellement pavées et en bonne condition.


    Mon dernier conseil pour toi, et non le moindre, est de t’armer de patience. Attend-toi à rouler avec une moyenne allant de 30 à 50 km/h tout au plus (même si Google Maps semble croire que tu peux rouler à la vitesse de la lumière). Les routes du Vietnam sont loin d’être aussi belles et directes que nos routes d’Amérique du Nord, et les vietnamiens sont si nombreux qu’il y a du trafic presque partout. Je te suggère aussi de ne pas planifier plus de 200 km en une journée si tu veux pouvoir profiter de ta ride en faisant quelques arrêts le long du trajet, et aussi parce que conduire une moto au Vietnam est vraiment plus épuisant qu’on ne se l’imagine (tes foufounes t’en remercieront aussi grandement). Ça semble peu, mais il faut comprendre que si tu choisis de traverser le Vietnam en moto, tu dois voir ça comme une activité en soi et non pas un comme un simple moyen de transport. Si tu es trop pressé dans tes déplacements, si tu n’aimes pas particulièrement la conduite à moto ou si tu ne sens pas parfaitement à l’aise, tu n’auras aucun plaisir et tu vas trouver le temps long en titi. Assure-toi aussi de partir plus tôt que plus tard, parce que si conduire en plein jour est déjà très dangereux, conduire à la noirceur est tout simplement suicidaire.

    Quoi faire si jamais tu te fais arrêter?

    La première chose que tu dois savoir est qu’au Vietnam, les policiers sont ultra corrompus. Le phénomène est si connu que les locaux les surnomment les legal robbers (ça te donne une idée). La mot d’ordre est donc d’éviter les barrages policiers autant que possible, parce que c’est généralement la méthode qu’ils utilisent pour faire des arrestations. Si tu vois des messieurs vêtus de beige qui attendent au bord de la route, arrête-toi immédiatement et fais demi-tour si tu en es capable. Il est nettement préférable de rallonger ton itinéraire en faisant un détour plutôt que de risquer une amende, parce que ça peut te couter très cher.

    Si vraiment tu es pris au piège, voici la marche à suivre pour tenter de t’en sauver sans trop de dégâts. Le principe est tout d’abord de trimbaler avec toi 200 000 VND (l’équivalent de 9 USD) que tu ranges quelque part à l’écart de ton porte-feuille. Lorsque tu te fais arrêter, commence par arrêter ta moto et mettre les clés en sûreté dans tes poches. Ça semble banal, mais si tu les laisses sur le contact, le policier peut en profiter pour menacer de confisquer ta moto advenant que tu refuses de payer la somme demandée (true story). Sors ensuite ton permis de conduire international et la blue registration card de ta moto pour lui montrer que tu es en règle. Le policier te dira alors quelle infraction tu as (supposément) commise et le montant auquel s’élève la contravention, généralement de l’ordre d’un à cinq millions de vietnam dong (soit entre 44 et 220 USD).

    C’est là que la négociation commence. Si tu estimes que tu n’as rien à te reprocher, tu peux carrément essayer d’argumenter et refuser de payer. Ça ne passera pas bien sûr, mais ça lui fera au moins comprendre que tu ne te laisseras pas avoir aussi facilement. Le truc est ensuite de lui dire que tu n’as de toute façon pas assez d’argent pour débourser la somme demandée, et de sortir par la même occasion les 200 000 VND que tu avais si intelligemment prévus à cet effet, en lui disant que c’est tout ce que tu as sur toi. Prépare-toi à tenir ton bout, parce qu’ils sont vraiment avares de leur argent. Tellement qu’ils prévoient parfois même des chauffeurs à moto pour te conduire au ATM le plus près afin que tu puisses retirer l’argent nécessaire (encore une fois, true story). Dans ce cas, il ne te reste qu’à essayer de négocier pour faire baisser le prix de la contravention et croiser les doigts pour qu’il soit de bonne humeur cette journée-là.

    Si vraiment tu n’arrives pas à un compromis raisonnable et que tu juges que c’est de l’abus de pouvoir (plus que d’habitude mettons), tu peux toujours menacer d’appeler l’ambassade ou encore la police anti-corruption. Je n’ai jamais essayé moi-même, mais j’ai entendu dire que ça peut les faire descendre de leurs grands chevaux et les amener vers un terrain d’entente. Si toutefois aucune de ces options ne fonctionnent, j’ai bien peur que tu ne doives lui donner ce qu’il demande, parce qu’au final, c’est malheureusement eux qui ont le dernier mot...